Les lames de scie à main

Même si leur usage peut être pénible et moins productif que les modèles électriques, les scies à main sont encore largement utilisées. Une scie de qualité est indispensable. Elle doit permettre de couper le bois de façon précise et sans en endom­mager les fibres. La qualité dépend de nombreux critères…

On distingue deux types de sciage, dont dépendent les modèles de scies : le sciage en long et le sciage en travers du fil. Le sciage en long, appelé également délignage ou sciage de refend, consiste à débiter une pièce de bois dans le sens du fil. Le sciage en travers, ou tronçonnage, consiste à débiter une pièce de bois perpendiculairement au fil.
L’élément le plus important de la scie est sa lame. Elle se compose alternativement de dents (racines) et de creux. La dent coupe les fibres du bois, le creux récupère les sciures et les évacue hors de l’ouvrage au retrait de la lame. Si le creux n’existait pas ou était insuffisant, la sciure s’accumulerait au fond de la coupe, rendant le sciage impossible. Le creux est plus ou moins volumineux selon la taille des dents.
L’ensemble des dents s’appelle la denture. La forme des dents et leur taille diffèrent selon la destination de la scie (figure 53).
Les formes de dentures les plus utilisées pour les scies à main sont les couchées (et les droites isocèles). Dans le premier cas, la partie avant des dents (le front d’attaque) est orientée vers l’avant de la lame, dans le second cas, les dents sont verticales. Le front d’attaque présente un angle par rapport à la verticale (angle d’attaque) qui peut être positif, l’arête tranchante de la dent étant orientée vers l’avant de la lame, ou négatif, l’arête tranchante étant alors orientée vers l’arrière de la lame. L’angle de coupe diffère selon la destination de la scie. Il a été défini d’après l’expérience pour obtenir le meilleur rendement. Il est négatif de 15° pour les scies à dos ou à araser, positif de 10° pour les scies à tenon, les égoïnes et les scies à guichet et nul pour les scies à refendre et à chantourner.
La disposition de l’arête tranchante varie selon que la scie sert à déligner ou à tronçonner. Dans le premier cas, elle est parallèle à la surface de coupe, dans le second, elle est oblique. La pointe strie les fibres du bois qui sont ensuite tranchées. L’orientation de l’arête tranchante est alternée une dent sur deux. L’effort de coupe s’effectue en poussant la scie.
Pour une lame à denture isocèle, l’arête tranchante résulte d’un biseau frontal et d’un biseau dorsal qui se rejoignent à la pointe de la dent. Elle alterne d’une face à l’autre de la lame, une dent sur deux. L’effort de coupe peut s’effectuer en poussant ou en tirant la scie. Il existe d’autres types de dentures pour les travaux sur bois verts ou grossiers, comme les scies à bûches.
Les scies japonaises, comme nombre d’outils de ce pays, sont très appréciées pour leur qualité de coupe. Les scies à déligner présentent une denture triangulaire couchée, ressemblant à celle des modèles occidentaux, mais inversée. En effet, avec toutes les scies japonaises, l’effet de coupe s’effectue en tirant la scie et non en la poussant, ce qui a pour effet de mettre la lame en tension pour respecter plus facilement un tracé. Les lames sont donc plus fines que celles des modèles occidentaux, qui doivent résister à la poussée lors de la coupe, sans se déformer. En revanche, la denture des scies à tronçonner japonaises est particulière. Leurs dents sont usinées avec trois biseaux : un frontal, un inférieur et un dorsal, inversés d’une dent à l’autre. Le tranchage des fibres est optimisé, et l’on obtient une coupe nette et très propre. Les scies occidentales arborent désormais ce type de denture, reconnu pour son efficacité.

Selon les travaux à effectuer, les lames de scie possèdent des dents plus ou moins grandes. Leur nombre est déterminé par le pas, qui représente l’écartement entre deux arêtes tranchantes. Un petit pas avec un grand nombre de dents permet de tronçonner un grand pas avec peu de dents est plutôt destiné au sciage de refend. Avec un petit pas, la coupe est soignée et ne demande pas un gros effort musculaire. Avec un grand pas, elle est plus rapide, mais requiert plus d’efforts. Il existe des lames à pas progressif. L’avant de la lame est pourvu d’un petit pas qui va en s’agrandissant vers l’arrière. L’attaque dans le bois est facilitée, et le sciage plus rapide.

Enfin, la dernière caractéristique d’une lame de scie est sa voie. On dit qu’elle est avoyée, c’est-à-dire que l’écartement des dents ne correspond pas à la largeur de la lame. Celles-ci sont tordues alternativement à droite et à gauche sur les 2/3 de leur hauteur. Cette disposition permet de faciliter le passage de la lame dans la coupe et d’éviter son blocage. La voie augmente donc la largeur de la coupe par rapport à celle de la lame, jusqu’à 45 %. Il est nécessaire de prendre en compte la voie de la lame lorsque l’on effectue une coupe précise afin que toute sa largeur se trouve dans le rebut. Certaines lames de scies spécifiques sont avoyées uniquement d’un côté, d’autres ne sont pas avoyées du tout, comme les scies à placage.

D’après Le grand livre de la menuiserie © DFTG

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