La culture du chanvre, plante aux multiples vertus, est ancestrale. Elle fait un retour en force grâce à ses nombreuses qualités, qui en font un matériau pratique, naturel et aux nombreux avantages en construction, notamment pour l’isolation…
La culture du chanvre agricole (Cannabis sativa, contenant au maximum 0,2 % de THC, agent psychotrope) est, bien entendu, la seule autorisée en Europe. À la fin du XIXe siècle, il y avait près de 176 000 ha de chanvre partout en France (principalement en Champagne-Ardenne et dans les Pays de la Loire). C’était un produit incontournable pour l’économie grâce à ses nombreux usages. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l’industrie du papier se tourne vers le bois, plus facile à exploiter. La vapeur entraîne la disparition de la marine à voile. Le coton, les fibres exotiques, puis synthétiques, se développent et enfin la prohibition, par assimilation avec le chanvre indien (Cannabis indica), restreint sa culture aux États-Unis, suivis par la plupart des pays occidentaux.
Le chanvre présente de nombreuses qualités qui en font une culture particulièrement intéressante. Bien que la culture biologique du chanvre soit peu répandue, on peut le considérer comme une « écoculture » par nature.
En effet, cette plante est capable de produire plus de dix tonnes de matière sèche par hectare en trois à quatre mois. Le chènevis (graine) est récolté à la moissonneuse-batteuse. Les pailles sont fauchées, conditionnées et stockées. On procède ensuite au défibrage, opération consistant à séparer les fibres (écorce de la plante) de la chènevotte (cœur de cellulose).
Ainsi, toutes les parties de la plante sont utilisées. Le chènevis sert à la fabrication de pains ou de barres de céréales, ou à la nourriture animale. Pressé, il donne une huile siccative utilisée en cosmétique ou en peinture. La tige qui donne la fibre et la chènevotte sert à la fabrication de cordes, de filasse pour la plomberie, de papier et entre dans la fabrication de la laine de chanvre.
Les intrants phytosanitaires sont peu ou pas nécessaires, c’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin de désherbants, ni d’insecticides, ni de fongicides. Le développement rapide de la plante couvre le sol et empêche les mauvaises herbes de se développer. Il s’agit d’une culture nettoyante.
L’irrigation n’est pas non plus nécessaire. Contrairement à de nombreuses plantes, le chanvre n’est pas un gros consommateur d’eau. Sa vitalité et sa robustesse en sont une des raisons.
Son système radiculaire profond est très puissant, il permet de régénérer les terres en « aspirant » les nitrates.
Le chanvre est aussi friand de CO2 par photosynthèse du fait de sa production rapide et abondante de masse végétale.
Les laines de chanvre, légères, ont une masse volumique comprise entre 30 et 40 kg/m3. Elles offrent une inertie correcte pour l’habitation.
L’énergie grise des isolants en chanvre est plutôt faible. Le défibrage est effectué mécaniquement et sans traitement chimique. La matière brute est naturelle, inerte et sans danger pour la santé ou l’environnement. Ses fibres ne sont pas dangereuses pour les voies respiratoires profondes.
Cependant, le chanvre est inflammable et sensible à l’humidité. C’est pourquoi des produits ignifuges sont parfois ajoutés (comme du phosphate d’ammonium ou du carbonate de soude), pouvant provoquer l’émanation de gaz en cas d’incendie.
Pour assurer la stabilité de la laine de chanvre, sa cohésion et sa résistance dans le temps, il est nécessaire d’y associer en petite quantité des liants synthétiques (polyester, polyoléfines) ou naturels (coton).
Le chanvre est naturellement imputrescible. Il est perméable à la vapeur d’eau et constitue un bon régulateur hygrométrique : il absorbe l’humidité et la rejette quand le temps est sec.
La laine de chanvre affiche un coefficient de conductivité thermique lambda de 0,039 à 0,042, ce qui la situe dans la moyenne des isolants fibreux. La fibre constituant la laine de chanvre est naturellement amère et exempte de protéines, ce qui n’attire pas les rongeurs, ni les mites ou autres insectes.
Les isolants en chanvre ont un prix moyen légèrement plus élevé que celui des laines minérales classiques (environ 10 %).
Ils sont disponibles en panneaux, matelas, rouleaux ou en vrac et concernent les mêmes domaines d’emploi que les laines minérales. Il est à noter que les rouleaux sont généralement vendus sans pare-vapeur, aussi pensez également à vous en procurer en quantité suffisante, en fonction des besoins de votre projet d’isolation.
D’après L’isolation © DFTG