La transformation du bois

Un arbre abattu doit subir plusieurs opérations qui vont du débitage au séchage, avant d’offrir un bois utilisable en menuiserie. Seuls les troncs sont utilisés (parfois certaines branches maîtresses, les coupelles), car la croissance hasardeuse des branches n’offre pas un fil régulier. Le tronc ébranché s’appelle une grume.
Si les résineux sont abattus toute l’année, les feuillus de nos régions le sont traditionnellement en automne et en hiver, pendant la période de repos de la végétation. Le bois est dit hors sève. De plus, l’absence de feuilles rend l’ébranchage plus aisé, la teneur en eau de l’arbre est plus faible et il résiste mieux aux fermentations et aux attaques d’insectes.

L’abattage des gros arbres doit se faire manuellement à la tronçonneuse. L’arbre est dans un premier temps débarrassé de ses cannelures à la base du tronc, c’est l’égobelage. Il est ensuite entaillé du côté où doit se produire la chute, puis abattu.

Pour les arbres de plus petit diamètre, les résineux, bouleaux peupliers, et si l’accès le permet, l’abattage s’effectue à l’aide d’engins spéciaux (abatteuse-ébrancheuse-billonneuse) réalisant toutes les opérations pour obtenir une bille.

Les grumes sont débitées en billes (c’est-à-dire en sections de grume), en fonction des longueurs standards ou souhaitées. Les billes sont débitées selon plusieurs méthodes pour obtenir des pièces de bois sous forme de plateaux, ou équarries pour être utilisées en charpente et en menuiserie, puis mises au séchage.
La première bille peut être coupée à la première grosse branche ou au défaut du tronc, ou en fonction de sa courbure, c’est la bille de pied. Elle procure le plus beau bois et est utilisée en menuiserie.
Les billes suivantes sont les première, deuxième, etc. Elles sont réservées pour les usages où l’aspect compte moins (charpente, caisserie)…

Les grumes ou les billes sont ensuite transportées à la scierie ou à l’usine de transformation.
Parfois, elles peuvent être débitées directement sur site (scierie forestière) par des scies mobiles. Cette solution permet de transporter uniquement le bois utile.

Le débit d’une bille s’effectue avec des scies verticales ou horizontales à chaîne, à ruban, à cadre ou circulaires multilames.

Le premier sciage permet d’obtenir des pièces de faible épaisseur (les feuillets), d’épaisseur moyenne (planches) ou de forte épaisseur (plots ou madriers). C’est le débit premier. L’épaisseur des débits est normalisée selon les essences.

Selon la technique de débit utilisée, la position de la pièce dans la bille, l’aspect des veinures du bois scié sera différent.
Le débit peut se faire sur plot, c’est-à-dire par plateaux parallèles (d’épaisseur égale ou différente). Il est le plus fréquemment utilisé pour les billes de pied et les surbilles de certains feuillus. Selon leur emplacement dans le tronc, les plateaux portent des noms différents : dosse, contre-dosse, fausse-dosse, quartier ou faux-quartier. La dosse n’est pas conservée, étant constituée d’écorce et d’aubier. Si ce débit est aisé et rapide, il offre des plateaux de qualité inégale, les plus beaux étant ceux du milieu de la bille (quartier et faux-quartier). Il présente également l’inconvénient de fournir des plateaux sujets aux déformations lors du séchage.

Dans la méthode sur dosse, la bille est préalablement équarrie (élimination des quatre dosses) avant d’être débitée. Les planches obtenues sont avivées (arêtes vives), parallèles et alignées.
Le débit sur quartier consiste à découper la bille en quatre, en passant par le cœur, puis à débiter chaque secteur en planches.
Le type de coupe détermine aussi le dessin du bois (figure ci-après). Il permet d’obtenir un maximum de sciages orientés dans le sens radial.

Le débit sur mailles permettrait d’obtenir théoriquement des faces de parement orientées selon les rayons médullaires, pour mettre en valeur les bois maillés comme le chêne. Les éléments obtenus seraient également très stables. Mais cette solution serait difficile à réaliser et provoquerait beaucoup de déchets.
Le débit hollandais est la seule application pratique du débit sur mailles réalisable.

Il existe d’autres techniques de débit selon les pays. Pour les bois tropicaux, les deux types de débits les plus courants sont le débit cantibey et le débit colonial. Ils permettent d’éliminer le cœur souvent détérioré sur les arbres anciens.
On compte de nombreux classements pour les différentes essences indigènes ou importées (classement des sciages de résineux français, de chênes français, de hêtres français, de résineux nord-américains, de bois tropicaux africains, etc.).

Les sciages de différentes essences de résineux ou de feuillus indigènes sont régis par des normes définissant des classements d’aspect, de qualité et de résistance. Ils sont composés d’une première lettre définissant l’essence (première lettre du nom botanique), comme Q (quercus), pour le chêne. Une seconde lettre définit le type de produit (B : plots, F : frises ou avivés), puis suit une lettre ou un chiffre. A, pour des pièces de qualité exceptionnelle, ou un chiffre de 1 à 4, par ordre décroissant de qualité. L’adjonction de la lettre X ou XX indique la présence d’aubier.

D’autres essences sont déterminées par le type de choix. De 1 pour les plus belles pièces à 4 pour les moins belles. De nombreux critères sont pris en compte, comme les nœuds, les fentes, les traces de moelle, les flaches ou les échauffures.
Le classe­ment des sciages de résineux français comporte six niveaux : choix 0A, 0B, 1, 2, 3A et 3B. Le choix 0A offre les plus belles faces et le moins de défauts. Les bois de choix 3B (nombreux nœuds, fentes, etc.) sont destinés aux coffrages de maçonnerie.
Figure 16 : Exemples de classements des sciages
Avec le débit premier, les pièces de bois présentent deux faces parallèles uniquement. Afin de pouvoir être commercialisé et rendu utilisable par les entreprises, le bois doit subir un débit second qui consiste à lui donner quatre faces régulières, en éliminant les flaches (chants en biais suivant la forme du tronc), l’aubier et l’écorce. On obtient ainsi des bois avivés (arêtes vives) dont les dimensions sont normalisées et exploitables.

Il existe différents sciages, qui vont des plateaux aux lattes et dont les dimensions (bois sec) et les appellations varient d’une essence à l’autre (figure ci-après). Par exemple, on peut désigner un avivé de section carrée de 40 × 40 mm par les termes chevron ou carrelet. Le premier est employé généralement pour les résineux, le second pour les feuillus. Un quartelot de peuplier cor­respond plus ou moins au plateau des essences d’autres feuillus.

Le débit des plots secs de chêne et de hêtre donne des feuillets, des planches ou des plateaux. Les avivés de chêne sont les frises à parquet, les lambourdes et les chevrons. Les résineux donnent des poutres, des madriers, des bastaings, des chevrons (carrés ou rectangulaires), des planches, des voliges, des liteaux et des lattes. D’autres méthodes de débit permettent d’obtenir des placages ou des contreplaqués (voir les paragraphes suivants). Certains avivés sont vendus bruts de sciage ou rabotés. Les rabotés sont plus chers, mais ils évitent la fastidieuse étape du rabotage.

D’après Le grand livre de la menuiserie © DFTG

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